Colloque Paul Morand à Malte, 8 & 9 mai 2025 - Compte-rendu
Participants au Colloque
Les 8 et 9 mai 2025 s'est tenu à Malte un colloque international, organisé par Dominique Lanni de l'Université de Malte ainsi que par Emmanuel Couly (Pr de Lettres modernes – doctorant Sorbonne Université), intitulé : « Paul Morand redessiné », avec le soutien de l'Ambassade de France à Malte, et de l’Université de Malte.
Les participants :
- François Berquin, Maitre de conférences-HDR, à l’Université du Littoral-Côte d’opale.
- Georges A. Bertrand, Docteur es Lettres et civilisation française, photographe, écrivain et historien de l’art.
- Dylan Camilleri, Pr de Lettres, Université de Malte département de Littérature française.
- Gil Charbonnier, Professeur des universités en littérature française du XXe siècle à l’Université d’Aix-Marseille.
- Sylvia Maria Chireac, Professeure associée en didactique de l'enseignement des langues et de la littérature à la Faculté de formation des enseignants de l'Université de Valence (Espagne).
- Theo Delestrade, Littérateur, Analyste financier.
- Catherine Douzou, Professeure de littérature française et arts du spectacle à l'Université François Rabelais, Tours.
- Halia Koo, Maître de conférences à l'Université Memorial de Terre-Neuve (Canada).
- Fabio Libasci, Chargé de cours en littérature française à l’Université de l’Insubrie (Italie).
- Cristian Micu, Docteur en littérature française.
- Thierry Ozwald, Maître de Conférences -HDR, Université de Limoges.
Jean-Hugues O’Neill et Etienne de La Rochère, co-fondateurs du Cercle Paul Morand, étaient invités.
Le contenu et les différentes contributions à ce colloque seront publiés en janvier 2026 par l’Université de Malte. Il n’y a donc pas lieu d’en faire ici un compte rendu précis qui serait moins complet de toute manière que la publication de l’hiver prochain. Nous nous contenterons donc dans les lignes qui suivent d’indiquer les points principaux des différentes interventions.
Quel pouvait être l’intérêt de ce colloque alors qu’il semble que tout ait été dit sur cet auteur ? Son titre assez explicite semble répondre à la question. Les intervenants, bien que connaissant sur le bout de la plume les multiples travaux, de grande qualité, consacrés à l’écrivain, ont considéré que celui-ci, qui toute sa vie avança masqué, était tellement multiple, tellement secret, qu’il avait tant de facettes, qu’il avait tant écrit, qu’il avait si bien noyé le poisson, qu’ils voulaient tenter une fois encore de révéler la réalité du personnage caché derrière les multiples portraits qui ont été faits de lui. Qui se cachait vraiment derrière ce masque de bouddha énigmatique ?
A la première question : « Avançait-il masqué ? » la réponse est unanime : oui. Hormis à la fin de ses jours dans le Journal Inutile dans lequel il s’écrivait à lui-même, suite à la disparition de Jacques Chardonne, il n’a pas parlé de lui dans ses livres, et quand dans son œuvre il parle à la première personne, c’est un autre qui apparait. Un des intervenants a même laissé entendre que Paul Morand avait été marqué par le Service du chiffre au cours de son passage au Quai d’Orsay. Rejoint en cela par Emmanuel Couly qui a parlé de la dialectique du secret.
D’où la deuxième question posée : qui était-il ? Pour y répondre les intervenants à la deuxième partie du colloque sont partis de ses correspondances avec Nimier, Chardonne, Pierre Benoit et, enfin, avec lui-même. Ils ont noté ce jeu de la séduction lorsqu’il s’adresse à un tiers, jeu qui tombe dès lors que les personnes qu’il cite ont ou auront disparus du fait de la date de parution de l’ouvrage, ou qu’il s’agit de notes pour lui-même dont il n’imaginait pas à l’instant où il les écrivait qu’elles seraient éditées. Pensons au Journal de guerre qui révèle un personnage apparemment insensible aux graves évènements qu’il vit.
Le deuxième jour, la quête de ce personnage insaisissable se poursuivait non pas en continuant de dresser le portrait mais en mettant en exergue l’œil du personnage qui se révèle dans les peintures (littéraires) qu’il n’a cessé d’exécuter au fil de ses voyages, ainsi que l’œil du visionnaire qui a compris bien avant ses contemporains, à son grand regret, que le monde était en train de changer, suite au suicide de l’Europe à l’occasion de deux guerres mondiales, par la multiplication des êtres humains sur la terre, du fait de l’avènement de techniques modernes. La conjonction de ces différents phénomènes rendra à terme, selon l’auteur, la vie sur notre planète invivable. L’un des intervenants a rappelé que Paul Morand avait formulé l’idée qu’un jour un groupe d’hommes et de femmes, pour fuir la terre s’embarqueraient dans une fusée pour aller coloniser Mars, tels les passagers du Mayflower. C’est dans ce même cadre de réflexion que s’inscrit son travail en tant que Chef de la mission économique à Londres en 1939, son intérêt pour la Bourse et son activité de brocanteur d’objets d’art exotiques.
Enfin Jean-Hugues O’Neill et Etienne de La Rochère furent invités à présenter le Cercle Paul Morand, et les différentes activités que celui-ci a déployé depuis sa création en 2013. Ils ont rappelé aux personnes présentes qu’il était actif et la source d’évènements comme le colloque qui s’est tenu au Printemps dernier à la Bibliothèque de l’Arsenal, grâce à l’aide de son directeur Olivier Bosc, sur Morand et le cheval. De même ils indiquèrent qu’à de nombreuses reprises des écrivains ou des universitaires l’avaient interrogé. Ils ont profité de l’occasion pour inviter les participants à s’y inscrire si ce n’était déjà fait, et que nous sommes toujours désireux de recevoir de nouvelles contributions.