Publié par Cercle Paul Morand

Le Cercle Paul Morand, se devait de saluer avec enthousiasme la parution chez Robert Laffont, dans la collection Bouquins, d’un ensemble de textes de Paul Morand Bains de mer, bains de rêve et autres voyages, par Olivier Aubertin, son meilleur complice et son plus important soutien. Ce banquier, auteur, traducteur, éditeur de recueils d’inédits de Paul Morand, avait déjà publié il y a quelques années Circuits et autodromes, Entre Rhin et Danube, Venice,Venise,Venedig and Venezia, D’autres Venises, notamment.

Les morandiens retrouveront dans les récits publiés aujourd’hui, dont certains inédits, les impressions qu’ils avaient pu ressentir en découvrant à bord de ce véhicule littéraire des territoires qui jusqu’alors leur étaient inconnus. Comme il est écrit sur la dernière de couverture : « …ce volume invite à un véritable tour de la planète en compagnie de l’auteur de L’Homme pressé ».

Olivier Aubertin, par la manière dont il organisé le livre, regroupant les textes selon leur affinité, faisant précéder chaque ensemble d’une introduction qui envoie un coup de projecteur sur les récits présentés, nous fait mieux comprendre ce personnage complexe qu’était Morand ; celui-ci, à la différence de la plupart des écrivains, ne parla jamais de lui-même, sauf vers la fin de sa vie dans le « Journal inutile ». O. Aubertin a réalisé un travail considérable, regroupant plus de 200 textes, les organisant d’une manière cohérente de telle sorte qu’il ne s’agit pas d’une compilation mais d’une somme organisée, portrait plus vivant, plus parlant, plus pénétrant, qu’une biographie souvent plus crue, plus monochrome. Par cet ajustement d’une précision horlogère il nous montre un aspect de cet écrivain que celui-ci ne souhaitait ou ne pouvait dévoiler.

Au fil de cet ouvrage à travers ces textes les amateurs de Paul Morand pourront découvrir que leur écrivain favori, qui donnait de lui l’image d’un auteur léger, attaché, semblait-il, à l’occasion de chacun de ses voyages, à adresser des cartes postales à ses amis sous forme d’articles dans des revues ou de courts récits, était en réalité un auteur d’une profondeur insoupçonnée. Il voyait, à l’occasion de ses périples, le monde se transformer, les barrières tomber, cherchant à mettre en garde ses contemporains contre ces bouleversements qu’ils voulaient ignorer, alors qu’au fond de lui il restait profondément attaché à l’Europe ancienne et élitiste qui était son nid.

En se livrant à ce travail d’érudit que ne renierait pas un moine bénédictin Aubertin tente de s’adresser à une génération pour qui Paul Morand est inconnu et représente un monde vieilli, poussiéreux, disparu dans la débâcle de 40. Pour qui sait le lire, ce que nous efforce de nous apprendre le présentateur, c’est peut-être le plus jeune de nos auteurs que ne renierait pas un écolo-bobo actuel si on lui présentait l’œuvre de manière anonyme et qu’ainsi il ne soit pas victime de ses préjugés.

Derrière l’image du globe-trotter mondain Aubertin nous découvre un visionnaire, resté dans l’ombre pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la littérature. Quand, sous la plume de Morand, nous lisons, en 1926, la phrase suivante : « L’affreux spectacle…du monde occidental aux abois, contaminant l’Orient, et de l’univers à la veille de sombrer dans un machinisme déréglé, dans l’abus des besoins absurdes et des plaisirs faciles,…est une chose qui serre le cœur. » qui ne songerait aux propos que pourraient tenir de nos jours certains bien-pensants ?

Nous vous invitons à lire un interview d’Olivier Aubertin en cliquant sur le lien suivant :

https://www.hotelslitteraires.fr/blog/

 

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