Lettre adressée par Paul Morand, depuis l’Olympe, à Michel Déon en transhumance
Cher Michel,
Malgré la distance les nouvelles de la Terre arrivent jusqu’à nous. Ainsi ai-je appris que quelques personnes, bien que piquées de mondialisation, refusent de vous donner, à vous et à Chantal, une sépulture à Paris au prétexte que vous viviez et que vous étiez mort en terre étrangère. Je vous inviterai volontiers à nous rejoindre Hélène et moi à Trieste ; l’air y est clément. Mais je crains que nous y soyons un peu serré. Retournez donc, malgré le chagrin de votre famille, dans cette terre d’Irlande que vous aimiez tant et qui, elle, vous a si bien accueilli. Vous donnerez ainsi l’occasion à vos amis et admirateurs qui voudront venir vous rendre visite de voir les poneys sauvages galoper dans les vertes prairies, les bécasses slalomer entre les rhododendrons et de boire quelques Guiness à votre mémoire dans le pub voisin. Peut-être même emprunteront-ils un taxi mauve pour venir jusqu’à vous.
Votre Paul.